

(Texte Richard Daigle – Crédit photo Hughes Bouchard) – Si vous regardez la télé à heure de grande écoute, vous ne pouvez pas avoir manqué une nouvelle « émission » : le Télaitroman. Cette initiative originale des Producteurs de lait du Québec réussit à faire connaître les nouvelles réalités des producteurs, après l’adoption des récents accords commerciaux internationaux.
On peut ainsi suivre, dans une série de 16 courts épisodes publicitaires de 15 secondes (sauf le dernier, un peu plus long, sur le site telaitroman.com), les péripéties de la Famille du lait, interprétée par des comédiens bien connus au Québec. Si le ton est léger, les informations n’en demeurent pas moins pertinentes. Ainsi, les Producteurs de lait du Québec en profitent entre autres pour sensibiliser leurs concitoyens à l’importance de consommer des produits d’ici, plutôt que ceux des États-Unis, qui peuvent désormais librement se retrouver dans les réfrigérateurs de nos marchés d’alimentation.
Le Clémentois Gabriel Belzile
Le président du Syndicat des producteurs laitiers du Bas-Saint-Laurent, le Clémentois Gabriel Belzile, révèle que le comité marketing national travaille depuis au moins six mois sur ce concept. Il se dit très satisfait du résultat. Lui-même a pu visionner en primeur l’ensemble des épisodes lors d’un lancement le 19 septembre à Saint-Clément… et il connaît le dénouement de l’histoire! Tenant à ne pas jouer le rôle de « divulgâcheur », il n’en dévoilera rien.
M. Belzile ajoute que le message de consommation de produits locaux rejoint parfaitement le thème de la récente marche pour le climat : limiter les transports pour réduire les gaz à effet de serre. Selon les témoignages qu’il a entendus, les auditeurs perçoivent aussi très bien l’incitation à consommer des produits laitiers canadiens.
Quant aux ententes de commerce international, le président du Syndicat des producteurs laitiers du Bas-Saint-Laurent rapporte que ses membres en sentent les effets depuis au moins deux ans, à la suite des accords avec l’Union européenne, qui ont ouvert avec beaucoup moins de restrictions nos frontières aux fromages d’ailleurs, et après celui sur le Partenariat transpacifique.
Quelques chiffres
Comme la production laitière représente 55 % du volume agricole au Bas-Saint-Laurent et que Les Basques comptent 47 des 590 fermes laitières, cet impact touche la région. Cette activité emploie directement 400 personnes et elle représente des retombées de 22 M$. À elle seule, la Fromagerie des Basques fait travailler 120 personnes, selon les saisons. Malgré tout, la consommation de ces produits augmente, puisque la population croît. De plus, la publication d’une étude dans le magazine Times, proclamant en page frontispice que le beurre était « le gras de l’avenir », a fait bondir les ventes de 25 %, de 2014 à 2017.
De janvier à août 2019, le Bas-Saint-Laurent a été un acquéreur net de quotas de lait. Presque 114 kg ont alors trouvé preneur dans l’ensemble de la région. La MRC des Basques figure en deuxième position de ce palmarès de nouveaux volumes (54 kg), derrière celle de Kamouraska (86 kg). Notre MRC a ainsi pu effectuer un peu de rattrapage, puisque la taille moyenne des exploitations au Bas-Saint-Laurent, comme au Québec, atteint un quota de 70 kg, contre 60 présentement dans Les Basques (ce qui se compare à la MRC de Rivière-du-Loup).
Relève
La relève des fermes reste un enjeu de taille. Gabriel Belzile fonde des espoirs sur un nouveau programme qui entrera en vigueur en janvier. Il accordera davantage de quotas à des jeunes qui veulent se lancer dans cette production exigeante. Par surcroît, cette attribution se modulera selon le niveau d’études des nouveaux producteurs. M. Belzile trouve l’idée bonne, puisqu’elle vise à inciter les aspirants producteurs à se doter d’une meilleure formation afin de gérer efficacement leur exploitation dans un monde en grand bouleversement.
Âgé de 53 ans, le président du Syndicat des producteurs laitiers du Bas-Saint-Laurent prépare lui-même sa propre relève. Ses quatre enfants ayant plutôt choisi respectivement l’informatique, la planification financière, un emploi comme machiniste et des études universitaires en aérospatiale, Gabriel Belzile a entamé le transfert de ses actions à un couple de la région. Toujours détenteur de la majorité, M. Belzile espère pouvoir passer les rennes pour de bon d’ici à son 65e anniversaire. Ironiquement, le père (depuis près de 20 ans) et son plus jeune sont allergiques à la poussière… ce qui complique sérieusement l’existence d’un producteur agricole.