(Alexandre D’Astous) L’auteur de BD Keelan Young, qui demeure à Saint-Clément et partage son temps entre le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, le Grand Nord et Montréal, travaillant en soins infirmiers, lance sa deuxième BD, Pots cassés, aux éditions Mains libres.
Un ouvrage intimiste et audacieux qui traite du domaine de la santé, de l’épuisement professionnel, de la consommation et de la sexualité.
Keelan Young sait cerner l’âme des gens avec un immense respect et une attention singulière, tout en soulignant la beauté et la douceur qui les habitent, même quand la noirceur les submerge.
Il décrit un milieu qu’il connaît bien, lui qui travaille en soins infirmiers. « Je travaille présentement dans le Grand Nord, après avoir travaillé dans les urgences à Montréal pendant la pandémie. Ce que je voulais faire avec cette BD, c’était de représenter le travail à l’urgence et les milieux sociaux. À travers la fiction, il y a toujours une part de réalité », raconte le bédéiste originaire de Montréal. Il a découvert les Basques par des amis.
Des sujets rarement abordés en BD
Pots cassés touche plusieurs sujets rarement abordés en BD : la dépression, le surmenage, la consommation, le milieu hospitalier. Une bande dessinée qui infiltre le monde des marginaux, des gens engagés en quête de justice, et qui expose des réalités du secteur de la santé. Une bande dessinée attentive aux gens, aux détresses. Un récit très humain. Une œuvre qui braque une caméra sur des maillons importants et peut-être défectueux de notre société. Une histoire où l’on se dit que « prendre soin de soi » est capital et beau.
L’auteur a voulu parler de communautés marginalisées. « C’est important pour moi de montrer cela en images, sans nécessairement être obligé de le nommer. Ça fait longtemps que j’aime le médium de la bande dessinée. Je trouve que c’est une manière poétique et belle de raconter une histoire. J’utilise très peu de dialogue. Les dessins parlent et racontent l’histoire ».
Une noirceur qui submerge
Doudou travaille trop, consomme trop, parle peu, a plein d’amis, mais côtoie souvent la solitude. Doudou travaille en soins infirmiers et passe sa vie à s’occuper des gens, mais n’arrive pas à s’occuper de son propre sort, et tranquillement, glisse vers un état où presque tout est gris malgré les possibles.
Doudou se pose des questions. On suit ce personnage dans l’univers des fêtes, des relations amoureuses, dans le boulot, qui est à la fois un gouffre et une bouée de sauvetage, et qui occupe beaucoup de place dans sa vie.
Doudou doit aussi apprendre à réparer ses propres fissures, à « se rempoter », à saisir la beauté qui existe dans toute dérive, et à redessiner un sens où la lumière à nouveau sera chaleureuse.
« Cette histoire est plus intime, et tournée vers des sujets plus difficiles à aborder. Je parle du domaine des soins, d’une personne qui vit un épuisement professionnel. C’est cette quête de soins que je raconte. Ça passe par les milieux montréalais plus alternatifs, avec de la consommation et de la sexualité », mentionne-t-il.
Un côté artistique développé
Avant de se diriger en soins infirmiers, Keelan a étudié en arts plastiques. Le dessin a toujours occupé une grande place dans sa vie. « Ça fait longtemps que je m’intéresse à la bande dessinée, et que je voulais intégrer cela à ma vie. En 2018, j’ai commencé à écrire ma première BD, Djondjon, qui parlait d’une recherche que je suis allé faire en Haïti sur l’usage des champignons par les cultures traditionnelles haïtiennes. J’ai travaillé dessus deux ou trois ans », relate le bédéiste.
Succès critique et populaire
Djondjon, sa première bande dessinée, a remporté un vif succès critique et populaire, et se retrouve au plan de cours de plusieurs institutions scolaires, tant en littérature qu’en anthropologie.
Pots cassés est disponible en librairie depuis le 6 novembre. L’auteur a envie de continuer à œuvrer dans la bande dessinée.
Photo : Keelan Young présente sa nouvelle BD Pots cassés. (Photo Alexandre D’Astous)