Photo: Dave Morin,Kim Sirois-Bernier et Lorraine Michaud du Périscope des Basques – Crédit: Marjolaine Jolicoeur (M.J.) Près d’une personne sur cinq souffrira d’un problème de santé mentale au cours de sa vie. Anxiété, dépression, épuisement professionnel, idées suicidaires, où trouver les ressources pour garder le moral et ne pas se laisser submerger par son mal-être ?
Au Périscope des Basques, les personnes vivant un problème de santé mentale peuvent y trouver de l’aide, en toute confidentialité. Contrairement au réseau public, pas de rendez-vous ou de paperasse à remplir : « On accueille la souffrance de la personne avec son vécu, avec tout son bagage de vie, on ne travaille pas avec un diagnostic », indique Lorraine Michaud, coordonnatrice de cet organisme communautaire depuis 18 ans.
Briser les tabous
Chercher de l’aide, voilà parfois l’étape la plus difficile à franchir pour sortir de sa noirceur. La stigmatisation et la discrimination peuvent en dissuader plusieurs. Encore beaucoup de tabous, la peur d’être étiqueté « malade mental » est malheureusement toujours présente dans notre société. Pourtant personne n’est à l’abri de vivre un moment de détresse psychologique lors d’un deuil, d’une perte d’emploi ou d’une peine d’amour.
Le Périscope permet de voir plus clair dans sa vie, de s’exprimer, de retrouver force et pouvoir. Pour Lorraine Michaud, c’est la personne elle-même qui possède les solutions pour y parvenir. « On peut aussi donner des outils, des références, souligner l’importance d’avoir un mode de vie sain, de bien manger, de faire de l’activité physique. Quand tu fais une dépression, il faut prendre le temps de t’arrêter et de penser à toi ».
Elle poursuit en mentionnant que les personnes ayant connu des hospitalisations en psychiatrie par exemple, dans la majorité des cas, ne retournent plus à l’hôpital après avoir fréquenté le Périscope. « C’est possible grâce à un travail d’équipe et le premier équipier, c’est la personne elle-même ».
Soutien et partage
Le Périscope propose diverses stratégies pour maintenir une bonne santé mentale, explique l’intervenante Kim Sirois-Bernier : « Le matin est consacrée à l’entraide. Les gens viennent prendre un café et parlent entre eux. Ils voient que souvent, ils font face aux mêmes problèmes liés à leur médication ou à leurs symptômes. Dans l’après-midi, nous allons marcher, jouer aux quilles. Cela fait du bien de sortir, de se confier à quelqu’un. Il y a aussi beaucoup d’écoute téléphonique, certains jours le téléphone n’arrête pas de sonner ! »
Dave Morin, lui aussi intervenant, ajoute que toutes ces activités permettent de briser l’isolement. « L’entraide entre les membres est très importante. Cela leur fait vraiment du bien de parler et de rencontrer des personnes vivant la même chose qu’eux. On organise aussi des ateliers de gestion du stress, des émotions, sur la confiance en soi. Les membres apprennent de nous autant qu’on apprend d’eux. C’est une relation à deux niveaux qui est très enrichissante ».
Dossier politique
Dans la MRC des Basques, les besoins en santé mentale sont tellement grands que le Périscope aurait besoin de quatre intervenants à temps plein. Beaucoup de facteurs contribuent à l’expansion de cette souffrance humaine sur notre territoire : chômage, pauvreté, population vieillissante, isolée, les jeunes quittent leurs villages et ne reviennent pas, le réseau public est débordé.
Lorraine Michaud est catégorique : les mesures d’austérité et les compressions budgétaires de l’actuel gouvernement sont aussi des facteurs ayant une influence sur la détresse psychologique. « C’est difficile pour le moral quand l’économie ne va pas bien, qu’il y a tant de coupures gouvernementales. Les gens ont peur de perdre leur emploi, leur maison. Ça peut te rendre autant agressif que dépressif, des familles sont détruites par toute cette insécurité financière ».
Elle déplore aussi le manque de ressources financières allouées au milieu communautaire, en particulier celui visant la santé mentale. « Il n’y a pas de réelle reconnaissance pour notre milieu, on n’est pas considéré comme utile et nécessaire ». Et Lorraine Michaud se met à rêver si un peu plus était fait pour la santé mentale, si un peu plus d’argent était disponible.
« Le Périscope ne serait pas obligé de fermer pendant 12 semaines durant l’été, nous pourrions rejoindre encore plus de monde, en particulier les jeunes, ouvrir le soir, aller rencontrer des aînés dans des résidences, organiser des ateliers dans tous les villages de la MRC des Basques. Cette année, nous recevons plusieurs hommes référés par le réseau public. Cela serait motivant pour eux d’avoir un local pour qu’ils puissent travailler de leurs mains, faire de la menuiserie, des réparations de toutes sortes. Cela pourrait même s’intégrer dans un projet d’économie sociale. »
Pour rejoindre le Périscope : 418.851.3398 ou periscope1994@gmail.com
Durant la Semaine nationale de la santé mentale le Périscope distribuera divers documents promotionnels dans les lieux publics. Un spectacle bénéfice aura aussi lieu à la Forge à Bérubé, le 6 mai, mettant en vedette le groupe musical Mister Cover et la Vinyle Mafia avec Fabien Rioux, Steve Deschênes, Alexandre Talbot, Fred Lagacé, Yvan Gagnon et Nicholas Moroz.