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Mise à jour économique : la réadaptation en santé mentale encore une fois mise de côté

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(Opinion du lecteur)-Nous constatons avec déception que la mise à jour économique du 21 novembre occulte encore une fois les enjeux en santé mentale. Pourtant, il est crucial de rappeler que la réadaptation en santé mentale représente un enjeu majeur pour notre société, et qu’elle nécessite une attention particulière dans les priorités budgétaires du gouvernement.

En tant qu’établissement spécialisé dans la réadaptation en santé mentale, les Appartements supervisés 3SM souhaitent changer les choses et faire entendre la voix des milliers de personnes qui, faute de ressources suffisantes, peinent à accéder aux soins et à l’accompagnement nécessaires pour leur rétablissement.

Notre mission est claire : offrir un environnement sécurisé, soutenu par une équipe médicale qualifiée, à des personnes en détresse psychologique, afin de leur permettre de vivre de manière autonome tout en recevant un accompagnement constant et les soins nécessaires à leur réadaptation. Cependant, la réalité à laquelle nous faisons face est inquiétante : les listes d’attente pour les services en santé mentale sont longues, et les ressources demeurent insuffisantes face à cette demande exponentielle.

Partout au Québec, de plus en plus de citoyens souffrent en silence, attendant désespérément d’obtenir une place. Cette mise à jour nous fait comprendre que ces derniers devront encore attendre, faute d’une priorisation politique adéquate. Par exemple, en Estrie, plus de 2000 personnes attendent actuellement d’être prises en charge. Cette situation alarmante témoigne d’un besoin urgent de renforcer les services en santé mentale à tous les niveaux. Le gouvernement a fourni des efforts dans les années récentes pour répondre à cette crise, ce qui mérite d’être salué. Toutefois, ce qui est fort dommage, c’est que ces efforts ne soient pas à la hausse – la présente mise à jour économique confirme cette triste tendance. Les décideurs politiques manquent ainsi la chance d’améliorer la situation, années après année. La santé mentale doit cesser d’être le « parent pauvre » de notre système de santé. Ce n’est pas un luxe pour une société comme la nôtre.

Des soins de proximité

Les établissements privés et communautaires, comme le nôtre, jouent un rôle crucial en offrant des soins de proximité, qui viennent en complémentarité des services publics, en apportant des solutions pratiques et accessibles pour les personnes les plus vulnérables. Notre rôle est de donner aux gens la possibilité de se reconstruire, de retrouver leur autonomie et d’éviter que leur souffrance ne s’aggrave encore davantage.

La réadaptation en santé mentale ne doit plus être reléguée au second plan. Elle ne constitue pas une dépense marginale, mais bien un investissement dans l’avenir de notre société. Des ressources supplémentaires permettront non seulement de réduire les listes d’attente, mais aussi d’offrir un suivi plus rapide et mieux adapté aux besoins d’une clientèle vulnérable. Il est démontré qu’un investissement précoce dans la réadaptation en santé mentale permet de prévenir des complications plus graves et de réduire les coûts sociaux à long terme. Les investissements en santé mentale ont eux aussi un effet de ruissellement sur la société québécoise.

En tant qu’organisation offrant des soins en réadaptation en santé mentale, nous sommes prêts à collaborer avec les autorités pour trouver des solutions innovantes et pérennes. Cependant, pour que ces solutions soient efficaces, il est impératif que le gouvernement soutienne financièrement les structures comme la nôtre.

Nous espérons que le gouvernement place dorénavant la santé mentale parmi ses priorités et qu’il ne manque sa prochaine chance de nous montrer qu’il est prêt à s’engager au bénéfice de tout le Québec. Ne laissons pas cette crise s’aggraver davantage. Investir dans la santé mentale aujourd’hui, c’est investir dans la santé et la stabilité de notre société de demain.

Par Marie-Ève Bergeron, présidente-directrice générale des Appartements supervisés 3SM

Photo : Marie-Ève Bergeron (Photo fournie par les Appartements supervisés 3SM)

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