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Les baleines de Caroline Jacques

(M. J.) Dans les immenses toiles de Caroline Jacques, on peut presque sentir le souffle des baleines. Représentées telles des «?icônes », l’artiste veut honorer ces déesses du fleuve Saint-Laurent, toucher et ouvrir les consciences sur l’urgence de les protéger.
Au Musée du Bas-Saint-Laurent de Rivière-du-Loup se terminait le 8 juin dernier, son « Hommage au grand berceau de vie », une exposition d’œuvres inspirées des cétacés et de la riche biodiversité de notre fleuve. L’artiste a reçu l’appui du Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM) et de Lyne Morissette, chercheure en mammifères marins et en écologie des écosystèmes, « sa sœur de cœur »  avec qui elle monte des projets.
Protéger au lieu d’exploiter
En artiste engagée, Caroline Jacques  se dit préoccupée par le futur projet pétrolier de Cacouna. Elle a d’ailleurs réalisé des œuvres en direct lors d’actions non-violentes pour dénoncer cette menace envers les cétacés du fleuve. « Par le passé, on a tué des millions de baleines pour leur huile et leur chair et maintenant elles sont menacées par les pétrolières. C’est comme si on ne leur laissait jamais la paix ».
De plus en plus, elle voit sa création artistique comme « une croisade pour la sensibilisation à la protection de la nature sous toutes ses formes » et raconte que, très jeune, elle s’est sentie menacée par la pollution. De 5 à 9 ans, elle a vécu en Guinée, pays des contrastes où  le meilleur côtoie le pire.  « Toutes les fins de semaine, nous nous rendions sur l’Ile paradisiaque de l’Os mais, parfois, pour y parvenir nous devions marcher dans une eau sale, pleine de poissons morts, de déchets et de sacs de plastique. Mes pieds s’enfonçaient dans la boue, c’était comme une expérience de mort imminente et j’en garde un souvenir d’horreur. »
Créer au lieu d’hurler
Vivant maintenant à Saint-Fabien avec ses trois enfants, Caroline Jacques considère que  sa démarche artistique l’aide à dépasser sa colère et sa tristesse face aux malheurs de notre Terre-Mère. « Au lieu d’hurler ma douleur, je peins mon amour pour Gaïa, les animaux et surtout les baleines. En créant, je me sens moins impuissante. C’est comme un acte de survie, un cri au secours »
Malgré les désastres environnementaux de plus en plus inquiétants, elle reste optimiste face à l’avenir de notre planète. Elle pense même que l’art saura changer le monde et nous invite, tous ensemble, à rêver à cette transformation. « J’aimerais que ma peinture puisse faire prendre conscience de notre place dans l’univers. Nous sommes un maillon d’un grand Tout qu’on doit respecter. Mes toiles et mes actions sont comme des prières porteuses d’espoir. Et j’espère que ces prières créeront un futur meilleur ».
Pendant tout l’été, il est possible de voir les toiles de Caroline Jacques à la Station exploratoire du Saint-Laurent de ROMM, au Chalet de la Côte-des-Bains, dans le secteur de la Pointe de Rivière-du-Loup.

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