Accueil > Actualités > L’École d’immersion française de Trois-Pistoles célèbre son 85e anniversaire

L’École d’immersion française de Trois-Pistoles célèbre son 85e anniversaire

Imprimer cette nouvelle Imprimer cette nouvelle

Photo : André Beaudin, directeur de l’École d’immersion française de Trois-Pistoles et Rachel Malenfant, coordonnatrice du Centre d’accueil et de formation en langues (CAFEL). Absents : Nicholas Moroz, président du CAFEL, et Karine Vincent, directrice générale du CAFEL. (Crédit : Marjolaine Jolicoeur)

(M.J.) C’est à l’été de 1933 que Trois-Pistoles reçoit un premier groupe de 26 étudiants anglophones. Ils  logent dans des familles d’accueil et suivent leurs cours de français au couvent Jésus-Marie. Les frais de scolarité sont fixés à 10 $, avec chambre et pension pour 6 $.

Les étudiants s’imprègnent de la culture pistoloise avec fêtes champêtres, thés, mascarades et soirées de danse canadienne. L’aventure est lancée pour l’École d’immersion française de Trois-Pistoles, la plus ancienne en son genre au Canada.

Son histoire commence avec la vision du recteur de l’Université Western Ontario, Sherwood Fox (1878-1967). Voulant établir au Québec une école d’été d’enseignement du français, il confie le projet à deux professeurs de son université, Melvin E. Basset (1890-1942) et Herbert Jenkin (1892-1965).

Ces derniers, après avoir visité d’autres villes du Québec, rencontrent en mai 1933 Épiphane Litalien (1889-1964), maire de Trois-Pistoles et œuvrant dans le milieu de l’éducation.

Trois-Pistoles s’avère l’endroit idéal pour l’implantation d’une école d’été : le milieu est exclusivement francophone, le chemin de fer dessert la ville et la proximité du fleuve donne un climat très sain. Le projet prend forme dans l’enthousiasme de M. Litalien et de son épouse qui, au fil des années, organiseront dans le salon de leur résidence plusieurs activités pour les étudiants anglophones.

photo une - école francaise

1933 : étudiants anglophones de la première session de l’École d’immersion française de Trois-Pistoles en compagnie d’Épiphane Litalien. Source : Société d’histoire et de généalogie de TroisPistoles (SHGTP)

Et maintenant…

Cette relation privilégiée entre les étudiants anglophones et la population pistoloise se continue toujours.

« Notre école se définit comme un campus québécois de l’Université Western Ontario. De mai à août, nous recevons près de 700 anglophones. Ils proviennent d’un peu partout au Canada, mais aussi des États-Unis, des Émirats arabes unis ou de la Chine », nous dit en entrevue André Beaudin, directeur de l’École d’immersion française de Trois-Pistoles et anciennement professeur à l’Université Laval.

Ces étudiants anglophones sont issus de divers horizons : universitaires,  professeurs adultes ou jeunes entre 18 et 25 ans. Certains sont devenus célèbres, comme l’actuelle première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, venue apprendre le français à Trois-Pistoles. D’autres sont tombés en amour avec un Pistolois ou une Pistoloise et ne sont jamais repartis!

Des liens très forts se nouent entre anglophones et Pistolois, puisque les étudiants vivent dans des familles hôtesses.

« Cela créé des liens. Les étudiants gardent le contact, parfois bien des années après leur séjour », confirme Rachel Malenfant, coordonnatrice du Centre d’accueil et de formation en langues (CAFEL), elle-même famille hôtesse depuis près de 25 ans.

Organisation et logistique

La venue de ces anglophones demande une logistique à toute épreuve. Cette année, 90 familles hôtesses hébergent des étudiants, explique Mme Malenfant : « Nous avons seize nouvelles familles qui s’ajoutent au réseau d’accueil. Certaines offrent l’hébergement, mais aussi les repas. Elles doivent s’ouvrir et s’adapter aux besoins alimentaires de chacun. Pour la session du printemps qui comptait 258 étudiants, près de 130 d’entre eux avaient une alimentation végétarienne, végétalienne ou des allergies, comme le gluten. Présentement, nous avons même un étudiant musulman qui ne mange qu’au coucher du soleil puisqu’il respecte le ramadan. »

Pendant quelques mois, Trois-Pistoles devient une ville multiculturelle et un véritable laboratoire de langue où  partout l’on ne parle que le français aux étudiants anglophones. S’organisent aussi pour eux, concerts, lectures, films et excursions.

Tout le milieu pistolois participe et en profite aussi, indique André Beaudin : « C’est un levier économique important pour les familles hôtesses, mais aussi pour toutes les entreprises commerciales de la ville. Les retombées économiques sont estimées à près de 3 M$. »

Festivités pour le 85e anniversaire

Pour célébrer dignement ce 85e anniversaire, mais aussi pour remercier les familles hôtesses, plusieurs festivités auront lieu du 27 au 29 juillet : invités spéciaux de l’Université Western Ontario, réception, remise de prix aux familles, pique-nique, etc. Laurence Jalbert, présentera deux concerts, dont un ouvert au public.

Les détails de ces festivités pourront être consultés sur le site web du journal L’Horizon (www.journalhorizon.com).

Dans l’esprit de Sherwood Fox, l’école d’été francophone de Trois-Pistoles devait favoriser le rapprochement des peuples. Lors de la clôture de la session de 1936, il se fera philosophe en exprimant ainsi l’objectif de l’école : « Lorsqu’il connaîtra véritablement l’autre, c’est-à-dire lorsqu’il connaîtra la profondeur de la vie, l’essence de l’âme de l’autre et ses instincts, l’harmonie dans l’unicité d’action viendra d’elle-même. »

photo 2 école francaise

 Épiphane Litalien (1889-1964) et Herbert E. Jenkin (1882-1965). Source : Société d’histoire et de généalogie de TroisPistoles (SHGTP)

 

Share

Contactez-nous pour vos commentaires et questions.