
(Alexandre D’Astous)-Fourchette bleue publie sa 15e liste des espèces marines issues des pêches durables du Saint-Laurent. Bien que l’année 2024 soit fortement impactée dans le domaine des pêches, notamment à cause du déclin de certaines espèces comme la crevette nordique et le flétan du Groenland, d’autres espèces comme le sébaste Atlantique et le merlu argenté se portent bien et s’inscrivent dans l’écoguide 2024 de Fourchette bleue.
Les constats faits par la science, l’industrie de la pêche et les annonces gouvernementales le confirment, les pêcheries québécoises vivront de grandes perturbations encore cette année. Les changements environnementaux, la prédation par le phoque, les baisses de la biomasse de plusieurs espèces comportent un lot de bouleversements dans les régions côtières du Québec. Plus que jamais, le Québec doit travailler à accroître la chaine de valeur des espèces à fort potentiel commercial, notamment par la 2e et 3e transformation, enclencher la mise en place d’une filière pour la valorisation des produits du phoque et limiter l’exportation de ses ressources marines.
La liste 2024 des espèces marines valorisées par Fourchette bleue compte cette année 13 espèces de poissons, 15 fruits de mer (mollusques, crustacés, échinodermes), 2 mammifères et 15 variétés d’algues. L’équipe d’Exploramer, avec les avis d’experts scientifiques et des pêcheries, a choisi de ramener sur la liste le concombre de mer, puisque l’industrie a pu démontrer une évolution de l’engin de capture de cet échinoderme prisé dans les marchés asiatiques. De même, la myxine du Nord qui est un poisson cartilagineux ressemblant à une anguille, et qui serait abondante dans le golfe du Saint-Laurent, fait son apparition sur la liste Fourchette bleue.
Deux espèces phares retirées
Malheureusement, deux espèces phares sont retirées de la liste cette année, soit la crevette nordique et le flétan du Groenland, qui connaissent toutes deux une décroissance spectaculaire de leur biomasse.
« En 1990, au moment du moratoire sur la morue et le sébaste, l’industrie a dû se rabattre vers les espèces émergentes de l’époque, soit les crustacés. La crevette nordique, le crabe des neiges et le homard, rappelons-nous, ne valaient qu’une bouchée de pain. Au fil des ans, ces espèces sont devenues populaires et lucratives. Aujourd’hui, si on fait bien les choses, les espèces émergentes comme la myxine du Nord, les algues ou le phoque pourraient devenir les espèces commerciales de demain », mentionne Sandra Gauthier, directrice d’Exploramer.
« Et si en plus, on ajoute une valeur à la chaine de production, comme la 2e et 3e transformation, l’impact économique pourrait être encore plus intéressant », ajoute-t-elle.
Photo : La crevette nordique a été retirée. (Photo Unsplash)