(Alexandre D’Astous)-La Table régionale des organismes communautaires du Bas-Saint-Laurent (TROC) et la Table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent (TCGFBSL) souhaitent donc, dans ce contexte, informer les médias et la population sur les coûts « humains » d’une telle réforme.
Caroline Cimon Dick, présidente de la TROC du Bas-Saint-Laurent, affirme : « Il s’agit d’un projet de loi titanesque qui suscite énormément d’inquiétudes et de contestation ! Comme les 200 organisations des milieux communautaire, corporatif, médical et syndical qui ont signé une lettre ouverte de la Coalition Solidarité Santé dans La Presse le 25 octobre dernier, nous demandons au ministre Dubé de nous entendre. Le PL 15 revoit de fond en comble la Loi sur les services de santé et les services sociaux et modifie radicalement la gouvernance du réseau public. C’est très inquiétant d’un point de vue démocratique ! »
Non à plus de privatisation en santé
La commissaire à la santé et au bien-être (CSBE), Joanne Castonguay, affiche de plus clairement son penchant pour le privé. Elle clamait haut et fort lors de sa conférence La nécessaire transformation du système de santé du Québec : « Il faut montrer comment on peut contribuer à la pérennité du système de santé. Si on veut le conserver, il faut informer la population sur la façon de l’améliorer et créer des liens avec le secteur privé. »[1] Le ministre Christian Dubé abonde d’ailleurs en ce sens. « La présence du privé sur Clic Santé permet d’atténuer les difficultés du réseau public avec une offre de rendez-vous rapidement accessibles à la population », déclarait-il durant la présentation du Projet de loi 15 en mars 2023.
Sonia Palato, agente de développement à la Table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent, précise que, il y a plus de 50 ans, des ménages s’endettaient pour se faire soigner et que l’association au privé constitue un recul pour la société en matière de justice. Elle souligne : « L’accessibilité universelle et non discriminatoire est un critère essentiel du droit à la santé, c’est reconnu mondialement par l’Organisation mondiale de la Santé. La privatisation et la perte d’accessibilité au système de santé ramènent le poids des soins sur le dos des femmes et nuisent à la santé des personnes déjà fragilisées. »
Les attentes, les préférences et les valeurs
La Table régionale des organismes communautaires du Bas-Saint-Laurent et la Table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent demandent à la commissaire Joanne Castonguay et au ministre Dubé de les entendre, de mettre un « stop » à la privatisation en santé et de faire place dans la réforme à venir à l’humanité en favorisant l’accessibilité, l’universalité, la gratuité, l’équité et le droit à la santé.
Des solutions existent
Émilie Saint-Pierre, coordonnatrice de la TROC du Bas-Saint-Laurent, conclut : « Plusieurs solutions existent pour améliorer le système de santé et de services sociaux, et la réforme du ministre Dubé n’est pas une vérité absolue ! Le ministre doit opérer un virage à 180 degrés pour sa réforme. Il doit effectuer une réelle décentralisation qui redonnerait un pouvoir décisionnel aux instances locales et remettrait la démocratie au cœur de la gouvernance du réseau afin de s’assurer de la prise en compte des besoins des populations. Finalement, cesser le recours au privé en santé et élargir sa vision de la santé s’avère incontournable. Le système de santé et sa vision axée sur le traitement curatif et l’approche hospitalocentriste doivent faire plus de place à la prévention et à l’approche globale en santé. Monsieur Dubé, toutes les voix doivent être entendues et celles des organismes communautaires autonomes sont essentielles ! »
Une consultation lancée par la Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE), Joanne Castonguay, se tiendra à Rimouski ce jeudi 9 novembre (Hôtel Rimouski, 18 h 30) pour connaître « les attentes et préférences des Québécois à l’égard du système de santé et de services sociaux ».
Centralisation et recul démocratique liés à la réforme Dubé
Cette consultation survient à l’aube d’une réforme majeure du système de santé et de services sociaux avec le dépôt du projet de loi 15 (PL-15) « Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace » par Christian Dubé en mars dernier. Les changements annoncés aboliront les CISSS et les CIUSSS, écorchant au passage la démocratie en mettant la hache dans de nombreux conseils d’administration et dans plus de 150 comités d’usagers au profit de la centralisation du pouvoir.
Photo : Caroline Cimon-Dick, Émilie Saint-Pierre et Sonia Palato lors d’un point de presse ce mercredi à Rimouski. (Photo courtoisie)