(Alexandre D’Astous) Le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL) a récemment déposé le rapport Stratégie régionale en transport de personnes au Bas-Saint-Laurent dans le cadre de son projet Mobilités et Territoires.
La stratégie vise à
optimiser les réseaux de transport existants et à les relier par de nouveaux
trajets pour ainsi permettre une mobilité partout dans la région et vers
l’extérieur. Cela serait rendu possible par la mise en place d’une régie
intermunicipale de transport financée par une majoration de la taxe sur les
carburants.
Une démarche concertée
La stratégie vise à développer un service répondant aux besoins des citoyens et
s’adaptant aux réalités du territoire. Cette démarche prend appui sur les
données existantes ainsi que de nombreux échanges et consultations réalisés
depuis plus d’un an auprès des intervenants locaux et régionaux. La mise en
œuvre du projet viendrait compléter et bonifier l’offre de services en
transport collectif et adapté déjà existante dans la région.
« Depuis le début du projet, les élus du Bas-Saint-Laurent ont été
rencontrés à au moins deux reprises. Cela a permis au CREBSL de présenter une
version préliminaire des différents éléments de la stratégie tels que les
trajets, les horaires et la structure de gouvernance. Les commentaires
recueillis ont permis de bonifier l’ensemble des éléments présentés dans le
rapport en plus d’y ajouter un budget prévisionnel préparé par une firme
externe », indique le directeur adjoint du Conseil, Patrick Morin.
Un réseau structurant
Les neuf réseaux de transport existants, soit un par MRC et celui de la Ville
de Rimouski, permettent aux citoyens du Bas-Saint-Laurent de se déplacer de
leur municipalité vers les villes de centralité ou dans leur MRC. En plus
d’être maintenus et de voir leur financement stabilisé et possiblement accru,
ces réseaux verraient leur efficacité être améliorée par une optimisation et
une interconnexion avec les nouveaux trajets régionaux proposés.
« Les 13 trajets proposés permettraient de relier entre elles les
municipalités et de se rendre d’une MRC à une autre, mais aussi vers
l’extérieur de la région puisque le service régional serait complémentaire au
transport par autocar (correspondances possibles vers Québec, Montréal ou
encore la Gaspésie). Un total de 10 nouveaux minibus à horaires fixes, avec au
moins un arrêt par municipalité, offrirait de nouvelles possibilités de
déplacement durable aux Bas-Laurentiens », explique M. Morin.
Puisque les principaux axes routiers seraient desservis par le service
régional, les services locaux existants pourraient redéployer leurs dessertes
vers les municipalités actuellement moins desservies. En complétant avec une
plateforme de covoiturage et l’autopartage de voitures électriques, la
stratégie régionale en transport des personnes permettrait à chaque
municipalité d’avoir accès à au moins un service de mobilité durable pour ses
citoyens. Il serait également possible d’envisager des circuits différents la
fin de semaine pour avoir accès à des parcs et des espaces naturels; une
« navette nature » répondant à un besoin amplifié par la pandémie.
« C’est grâce à toutes les interconnexions entre les transports existants
que le réseau proposé s’avère structurant et deviendrait le pilier de l’essor
de la mobilité durable au Bas-Saint-Laurent. Le CREBSL préconise l’utilisation
de minibus électriques à accès universel pour le nouveau service régional et
incite les décideurs à aller en ce sens au moment de préparer les appels
d’offres », ajoute Patrick Morin.
Des enjeux sociaux,
économiques et environnementaux
Considérant que 56 % du pétrole consommé annuellement au Bas-Saint-Laurent
l’est par les voitures personnelles, le transport collectif est une solution
prioritaire en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
La stratégie permettrait également de faciliter l’accès aux services
spécialisés régionaux (santé et éducation) en plus d’améliorer l’inclusion
sociale et la mobilité des travailleurs, des atouts importants dans le contexte
de vieillissement de la population et de pénurie de main-d’œuvre de la région.
De plus, elle permettrait de contrer la diminution des services en transport
des dernières années (autocar et train), de réduire les frais de déplacement
des utilisateurs ainsi que de contribuer à l’attractivité régionale et à
l’occupation du territoire.
Étapes à venir
Le CREBSL recommande aux huit MRC et à la Ville de Rimouski de mandater le
Collectif régional de développement du Bas-Saint-Laurent (CRDBSL) pour réaliser
les démarches reliées à la création d’une régie intermunicipale de transport et
à la demande de majoration de la taxe sur les carburants. La majoration est
estimée à 1,6 cent le litre dans le rapport et devra faire l’objet d’une
demande auprès du gouvernement du Québec. Le déploiement du système est prévu
pour 2023, ce qui permettra aux différents territoires d’alimenter la démarche
afin que la gouvernance de la future régie, son financement, les trajets et les
horaires répondent aux besoins du milieu.
Le rapport complet est disponible sur le site de l’organisme (crebsl.com). La
réalisation du projet Mobilités et Territoires est rendue possible
grâce à la contribution financière du gouvernement du Québec, par l’entremise
du Fonds régions et ruralité (FRR), ainsi que du Collectif régional de
développement du Bas-Saint-Laurent (CRDBSL).
Photo : Philippe Cousineau Morin et Patrick Morin du CREBSL, devant le premier autobus scolaire électrique du Bas-Saint-Laurent. (Photo : courtoisie)